Intervenant ces derniers mois, directement et en soutien à des groupes armés à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), l’armée rwandaise a “fourni des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques, en particulier lorsque celles-ci visaient à s’emparer de villes et de zones stratégiques“. C’est ce qu’indique le rapport d’experts des Nations unies transmis au Conseil de sécurité.
Le rapport du Groupe d’experts détaille, preuves à l’appui, l’implication directe du Rwanda “unilatéralement ou conjointement avec les combattants du M23” dans l’est de la République Démocratique du Congo.
A en croire ces experts, des images de drone fournies par la MONUSCO, des vidéos et photos amateurs et des témoins oculaires établissent la présence des forces armées rwandaises et/ou du transfert de leurs équipements au M23, dans et autour de la ville de Bunagana, la veille et le jour de l’attaque, le 13 juin dernier.
Par ailleurs, “à plusieurs reprises, des images aériennes ont montré de grandes colonnes comptant jusqu’à 500 hommes armés à proximité des frontières de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda, se déplaçant de manière très organisée et portant une tenue et un équipement militaires standardisés (uniformes et casques très similaires à ceux des RDF)“, les forces armées rwandaises.
Le Groupe d’expert ajoute que “des témoins oculaires et des chercheurs ont rapporté une complaisance passive, a minima, de l’armée ougandaise à la frontière, qui a permis aux combattants du M23 de traverser la frontière” pour attaquer la ville.
Le rapport souligne que deux semaines avant l’assaut sur la ville stratégique de Bunagana (50 km au nord de Goma), carrefour commercial à la frontière ougandaise, “le M23 et les RDF ont conjointement attaqué le camp des FARDC à Rumangabo“, la plus grande base militaire congolaise dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu.
Les colonnes rwandaises qui ont “coupé la RN2 pendant plusieurs jours” et “attaqué et délogé les FARDC de leurs positions” le long de cette route, vitale pour Goma, ont été estimées à environ 900 à 1.000 hommes, affirme le Groupe d’experts.
Toutefois, se basant sur une vidéo filmée ce jour-là et partagée sur les réseaux sociaux montrant des miliciens en ébullition des chants et danses dans le camp de Rumangabo après sa reconquête, le Groupe note que “les combattants des groupes armés soutenus par certains membres des FARDC ont lancé une contre-attaque le 26 mai 2022“,
Une coalition de circonstance pour défaire l’hégémonie du M23, une ancienne rébellion à dominante tutsi défait en 2013, qui a repris les armes en fin d’année dernière pour demander l’application d’un accord signé avec les autorités congolaises.
Il faut noter que le rapport ajoute que fin mai et début juin 2022, près de 300 militaires rwandais ont mené des opérations sur le sol congolais contre des groupes armés à dominante Hutu notamment les FDLR et le CMC/FDP (Collectif des mouvements pour le changement/Forces de Défense du Peuple). Des groupes armés que Kigali présente comme une menace pour son régime.
Emmanuel MOMOTOY