Des officiers des forces spéciales guinéennes ont affirmé ce dimanche 05 septembre 2021 avoir capturé le président Alpha Condé et pris le contrôle de Conakry et des institutions du pays, lors d’un coup d’état qui pourrait sonner la retraite du vétéran de la politique africaine.
Aucun mort n’a été rapporté dimanche, malgré les crépitements intenses d’armes automatiques entendus dans la capitale de ce pays habitué à des confrontations politiques brutales. L’apparent épilogue de plus de dix années de régime Condé a donné lieu à des scènes de liesse dans différents quartiers de la capitale.
” Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous, de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions “, a déclaré, dans une vidéo, le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au nom du Comité national du rassemblement et du développement (CNRD), au côté de putschistes en uniforme et en armes.
Ce chef des putschistes a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ce pays d’Afrique de l’Ouest plongé depuis des mois dans une grave crise économique et politique.
Dénonçant la “gabegie”, le lieutenant-colonel Doumbouya, enveloppé dans un drapeau guinéen, a promis d’engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée, dans une déclaration à la télévision nationale qui a brièvement interrompu ses programmes.
Les putschistes ont également diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s’il a été maltraité et Alpha Condé, 83 ans, en jeans et chemise froissée, dans un canapé, refuse de leur répondre.
Dans la soirée, ils ont annoncé au journal télévisé un couvre-feu “à partir de 20H00 sur toute l’étendue du territoire national”, le remplacement des membres du gouvernement par les secrétaires généraux de chaque ministère pour expédier les affaires courantes et celui des préfets, sous-préfets, et gouverneurs de région par des militaires.
En outre, ils ont appelé les fonctionnaires à reprendre le travail ce lundi et convoqué les ministres sortants et les présidents des institutions à une réunion, sous peine d’être considérés comme en rébellion contre le CNRD.
Il sied de noter que des réactions fusent de partout pour condamner ce coup d’État militaire. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fermement condamné toute prise de pouvoir en Guinée par la force du fusil, appelant ainsi à la libération immédiate du président Alpha Condé.
Le président en exercice de l’Union africaine (UA) Félix Tshisekedi et le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat condamnent toute prise de pouvoir par la force et demandent la libération immédiate du président Alpha Condé et appellent à une réunion d’urgence de l’organisation.
Rappelons que, Alpha Condé, ancien opposant historique, est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu en Guinée Conakry après des décennies de régimes autoritaires.
Didier Mondo